Pour la première fois depuis 1984, l'Espagne atteint le dernier carré d'une grande compétition internationale après sa victoire contre l'Italie (0-0, 4 t.a.b. à 2). Une victoire méritée pour la Roja, qui peut remercier Casillas. Le portier a arrêté deux tirs au but. Prochaine étape : la Russie.
EURO 2008 - QUARTS DE FINALE
ESPAGNE - ITALIE : 0-0 (4 t.a.b 2)
Le titre de meilleur gardien du monde risque fort de changer de main ou plutôt de gants dans les prochaines heures à venir. Après Cech, c'est au tour de Buffon de céder la place. Pourtant, le dernier rempart de la Nazionale n'a pas ménagé ses efforts, régulièrement sollicité lors du quart de finale qui opposait les siens à l'Espagne. Mais cette fois, le Turinois n'est pas parvenu à sortir un lapin de sa poche ou une pirouette magnifique pour éviter à sa sélection de l'élimination qui lui tendait les bras au fur et à mesure de la partie. La séance de tirs au but, celle-là même qui avait souri aux Transalpins en finale lors du dernier Mondial, leur a été fatale cette fois (0-0, 4 t.a.b 2).
La chance ne peut pas vous sourire à tous les coups. Un joli pied de nez finalement à des Espagnols qui ont attendu 88 ans pour s'offrir le scalp de la Squadra Azzurra en match officiel. Une double peine pour le camp transalpin, une double réussite pour les hommes de Luis Aragones qui voient le spectre de 1964, date de leur dernier titre, s'éloigner un peu plus. Enfin, une juste récompense pour une Roja fidèle à ses principes de jeu, abusant, parfois un peu trop de son péché mignon, à savoir des attaques placées. Car cela n'a pas été évident pour les partenaires de Casillas. Face à un bloc défensif bien en place et habile à jaillir très vite dans le camp adverse (Grosso, Cassano), les joueurs ibères ont peiné. Beaucoup peiné.
Longtemps, Buffon a serré le poing, exhortant ses partenaires à aller de l'avant. Longtemps, le portier italien a vu en Chiellini un solide rempart, utile pour étouffer l'explosivité de Villa et la vitesse de Fernando Torres. Orpheline de Pirlo et de Gattuso, suspendus, la Nazionale a dû composer sans ses deux tauliers mais - surtout pour le premier - d'un formidable créateur, celui qui aurait pu donner quelque chose à manger à la grande taille de Toni. Le temps a joué, longtemps donc, pour des Italiens résolument défensifs et malhabiles sur l'une de leurs rares véritables occasions de la partie, Camoranesi butant sur un Casillas lucide et bien avisé (61e). Buffon, de sa moitié de terrain, a dû y voir comme un signe. Un signe encore plus flagrant lorsque son concurrent poste pour poste enlève de son cadre une tête de Di Natale (96e). Une parade que le champion du monde aurait pu qualifier de "buffonesque", cette dernière ressemblant à deux gouttes d'eau à celle qu'il avait effectuée face à Zidane... en 2006.
Casillas était grand
Epoque heureuse mais époque révolue. Buffon, de sa ligne de but, le sait bien. Les siens n'ont pas la réussite nécessaire pour renverser la vapeur. Pis, plus le temps passe et plus la Seleccion ne resserre pas son étreinte sur sa proie italienne. Parfois, à l'image de Grosso, la défense de la Squadra a frôlé, voire dépassé la correctionnelle. Iniesta (27e) et Silva, soliste insaisissable pour la défense adverse (41e), auraient même pu bénéficier respectivement d'un penalty et d'un joli coup franc. Mais Herbert Fandel, au sifflet muet dans ce quart de finale, en a décidé autrement. Tout bénéf' pour l'Italie, une simple partie remise pour l'Espagne. Senna pense bien libérer les siens mais son tir, mal capté par Buffon, ne trouve que le poteau gauche de ce dernier (82e). Une frappe dangereuse, une parade douteuse du meilleur portier du monde : l'issue de ce match a trouvé sa tendance.
Elle aurait très bien pu tourner en faveur de la nation azzurra, heureuse par les choix manqués d'Aragones (Cazorla, Güiza) pas du tout décisifs dans le money-time et plutôt brouillons et maladroits dans leurs initiatives. La fatigue physique en a décidé autrement. Fébrile en fin de match, Buffon l'est tout autant lors du toss des tirs au but. Et lorsque les matadors espagnols se présentent pour le défier, un seul de ses plongeons s'avérera décisif. Plus par la frappe manquée de Cazorla d'ailleurs que par un véritable arrêt du portier italien. Ah... sa superbe parade décisive sur un penalty de Mutu n'accouchera pas d'un petit. Casillas lui, en face, ira pêcher deux frappes, une de De Rossi et une autre de Di Natale. Heureuse pour le camp espagnol, cette séance de tirs au but sonne comme une passation de pouvoir. Plus fort que tout en phase de poules, Buffon n'est pas parvenu à jouer les éternels sauveurs. Méritant mais moins décisif dimanche soir, le dernier rempart de la Squadra quitte la compétition la tête basse. Le héros de la soirée, cette fois, était Iker Casillas... et tout le reste de sa formation. Voici ces derniers en demi-finale, face à une Russie qu'ils ont bien connue en poule, face à une Russie surtout qu'ils vont apprendre à (re)découvrir avec, cette fois, un Andrei Arshavin libre de toute suspension. Mais ça, c'est encore une autre histoire.
LA DÉCLA : Roberto Donadoni (sélectionneur de l'équipe d'Italie)
"Quand on perd un match aux tirs au but, c'est évidemment très décevant. Nous étions visiblement fatigués. Il a fallu faire des choix difficiles quant à la composition de l'équipe et aux changements en cours de partie, trouver qui, dans cette situation, pouvait apporter quelque chose dans le jeu. Je crois cependant que les garçons peuvent quitter ce tournoi la tête haute, car ils ont tout donné. Au final, c'est quand même positif. Demain commence une autre époque."
Source:Eurosport.